AVEC PLUS D’UNE VINGTAINE DE LIVRES À SON ACTIF
ET DE NOMBREUX PRIX LITTÉRAIRES, PIERRETTE FLEUTIAUX EST L’AUTEURE D’UNE OEUVRE
DE TOUT PREMIER PLAN. ELLE EST AUSSI VICE-PRÉSIDENTE DE LA SOCIÉTÉ
DES GENS DE LETTRES …
Lauréate du Prix Femina en 1990 pour son roman « Nous sommes éternels », elle a publié de nombreux romans et nouvelles chez Gallimard, Actes Sud et Julliard, « Des phrases courtes, ma chérie » (2001), « Les Amants imparfaits » (2005), « Les Étoiles à l’envers »,
avec des photographies de J.S. Cartier (2006), « La Saison de mon contentement » (2008), « Bonjour Anne, chronique d’une amitié » (2010), « Loli le temps venu » (2013) et tout dernièrement en mars 2016 « Destiny »… Elle a écrit aussi des opéras et contes opéras,
« La femme de l’Ogre… »
J’ai lu abondamment dans la bibliothèque de l’école de mon père. Bibliothèque à l’ancienne, rayonnages jusqu’au plafond. Durant les vacances, dans le silence de l’école désertée, j’ai passé là des moments comme je n’en connaîtrais plus. Cette passion pour les livres inquiétait un peu ma mère :
ça va te tourner la tête, tout ça », mais elle m’achetait tout de même chaque semaine un volume de la collection rose ou verte dans une petite librairie de la rue des Pommes.
Mes premiers grands souvenirs de lecture : « Perlette goutte d’eau » (album du Père Castor), « Les enfants du capitaine Grant », « Michel Strogoff » (Jules Verne), « Les quatre filles du docteur March » (Louisa May Alcott), « Les hauts du hurlevent », « Jane Eyre » (les sœurs Brontë), les romans de Jane Austen…, et aussi « La Caverne » de Platon, texte auquel je ne comprenais rien mais que je trouvais rigolo et très excitant.
Cette excitation devant un texte qui me restait opaque par bien des aspects, je l’ai retrouvée beaucoup plus tard en lisant, à ma façon, Gilles Deleuze (L’anti-Oedipe, Mille plateaux, etc.), Gilles Rosset (Le réel et son double). Cette part de mystère qui résiste dans une lecture est peut-être celle qui permet au lecteur d’avancer dans le dédale de son obscurité propre, secrètement, sans harcèlement, selon des voies qu’un éclairage trop cru aurait masqué. Du côté de ma mère une longue lignée de paysans.
Du côté de mon père, des instituteurs (ces fameux hussards noirs de la République), mais aussi des médecins et un anthropologue, Léonce Manouvrier, spécialiste du cerveau, qui affirmait que le cerveau des femmes et des Noirs n’était pas plus petit que celui des hommes et des Blancs. Position avancée à l’époque, presque scandaleuse ! C’était en 1900.
J’ai fait mes études à Limoges, Poitiers, Bordeaux, Londres. Agrégation d’anglais à La Sorbonne. Paris, un choc. Mes condisciples me paraissaient tellement plus intelligents, plus au fait de tout. Et cette ville, où chaque pierre porte un pan d’histoire !
Mon départ pour New York a été une libération. J’y ai vécu plusieurs années avec ma famille, y ai élevé mon fils (voir Allons-nous être heureux ?). J’ai enseigné au Lycée français, travaillé épisodiquement pour l’ONU et fait divers petits boulots.
Nombreux voyages à l’étranger. En particulier, ce séjour à l’île de Pâques en novembre 1997, expérience très marquante, dans laquelle je puiserai pour mon roman « L’expédition », Gallimard, 1999.
Je vis maintenant entre Paris et Royan. J’ai d’abord été publiée par Anne Philipe. Après la mort de Gérard Philipe, elle était devenue directrice littéraire aux éditions Julliard. Rencontre capitale pour moi, j’aimerais en parler un jour, si je trouve la forme d’écriture adéquate. Elle m’a accueillie (recueillie ?) plusieurs étés à Ramatuelle lorsque ma vie n’allait pas très rondement. J’ai ensuite été publiée par Roger Grenier (autre rencontre étonnante), chez Gallimard.
Actes Sud a publié plusieurs de mes livres, dont le dernier « Destiny… » en avril 2016.