Pierrette Fleutiaux

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La saison de mon contentement

La saison de mon contentement
  • Maison d'édition: Actes Sud
  • Collection: Un endroit où aller
  • ISBN: 978-2-7427-7380-0

Actes Sud, Un endroit où aller, 416 pages.


Déclenché par l’apparition d’une femme au second tour des élections présidentielles, un texte lucide et généreux à la fois, qui dit ce qu’est et peut être le féminin, ce à quoi on voudrait le réduire et à quoi parfois il se réduit lui-même. Qui le dit avec émotion, par séquences, par fragments, par sursauts. Tout un territoire de la conscience, souvent négligé et occulté. C’est une sorte de purgation des sentiments trop longtemps retenus.

Un livre qui passe avec une alacrité magnifique de l’intime à l’unanime, de la solitude à la multitude, de soi à l’autre, aux autres. Un livre ou l’interrogation remplace l’injonction, un livre sur notre temps et, comme tel, un livre de réflexion.

 

Extrait


 

 

 

 

Critiques


ALORS CONTENTE !

Claire Devarrieux

C’est le livre le plus audacieux qu’il soit. Il paraîtra sans doute insupportable à beaucoup car il traite du féminin. Et cela, à partir d’un visage. Pas une icône, ni un personnage, ni un individu, non, plutôt une silhouette, mais essentiellement un visage. « Ce visage, c’est celui de la candidate. Ce visage, c’est moi. Ainsi, pendant quelques semaines, je vaque dans la ville, dans les rues, dans les couloirs du métro, dans un accord nouveau entre ma personne et le monde. »

Pour la première fois, une femme est en mesure de devenir Président(e) de la république. Changement possible de paysage. L’horizon n’est plus barré par ce « mur d’épaules en costume » décrit par Marie Darrieussecq dans Les Inrockuptibles au mois de mai dernier. Quel effet ça fait ?

Pour Pierrette Fleutiaux, un bien fou. Elle revient donc sur ce sentiment inédit de bien-être pendant la campagne électorale, et elle en fait son sujet. Alors qu’elle était lancée dans un autre livre, un portrait d’Anne Philipe, sa première éditrice (chez Julliard), le thème de la politique s’impose à elle, lui devient naturel. Pour la première fois, la romancière intervient dans le débat public, le débat d’idées, afin d’exprimer « cette métabolisation de la politique durant la grande saison de mon contentement ». Il s’agit là d’une inversion du vers de Shakespeare en ouverture de Richard III : « the winter of our discontents », « l’hiver de notre déplaisir ».

La saison de mon contentement tient à distance  » la candidate réelle », ne cherche pas à la connaître, évite la biographie, ignore la psychologie. Le discours, le programme, les arguments sont tout aussi absents de l’investigation menée. Sauf lorsqu’il s’agit de répondre aux attaques les plus communes concernant Ségolène Royal. Pierrette Fleutiaux explique par exemple pourquoi la notion « d’ordre » (« juste », de préférence), lui est chère depuis que son bébé a été sauvé, simplement parce que chaque rouage de la société, cette nuit-là, était en ordre de marche. A propos de la maternité, Pierrette Fleutiaux ne voit pas pourquoi elle a si mauvaise réputation. Elle constate que personne n’a osé reprocher à Nicolas Sarkozy l’affirmation de sa paternité.

Enfin, « aimons-nous les uns les autres », phrase prononcée au stade Charléty. L’auteur s’aperçoit que, personnellement, ça la fait sourire. « Pour mes plaignants, le mot « amour » en politique est tout simplement ridicule. Pas sérieux, pas autorisé, pas masculin. Notre actuel président en fait abondamment usage pourtant; sous des déclinaisons diverses. Cela suscite moins de sarcasmes et, s’il y a sarcasmes, ils visent sa personnalité, non pas le genre masculin.

Dans le cas de la candidate, c’est, en plus d’elle-même, tout le genre féminin qui est visé et soumis au « soupçon. » Le féminin, le mauvais genre, celui qui n’est en aucun cas universel et ne l’emportera jamais sur le masculin dans la grammaire française; Pierrette Fleutiaux s’efforce de ne pas dévier, de creuser ce que la simple présence de la candidate socialiste a permis de dégager, « la terre des femmes, l’espace du féminin » pour une fois mis à jour. Elle le fait en écrivain, avec ses outils familiers, le récit, la métaphore.

Elle aime trop les hommes en général, et ceux de sa vie en particulier, pour les mettre en accusation et les transformer qu’indirectement au centre de son texte, notamment lorsqu’elle esquisse un bilan de sa carrière littéraire. Pourquoi cette identité féminine au firmament de la politique remue tellement la romancière ?

Elle réveille l’enfance, les « mouvements tectoniques » de la mémoire, les mutations du corps, ventre, règles, seins. Il y a une historicité de la féminité. Comme dans Des phrases courtes, ma chérie, livre de relations mère-fille, La saison de mon contentement se souvient des vêtements, vastes jupes et souliers commodes des aïeules paysannes, contre bas et chaussures peu pratiques de l’après-guerre.

Enseignante, Pierrette Fleutiaux a porté les tailleurs protecteurs qui signifient que les femmes sont des hommes comme les autres. Les talons de Ségolène Royal, debout lors des primaires socialistes, à côté des confortables souliers concurrents… C’était cela, aussi, la campagne électorale. Une femme de cet âge, comment faisait-elle, elle était belle, elle courait partout sans avoir l’air flapi. Pierrette Fleutiaux était « époustouflée » et s’inquiètait pour elle. Elle n’était pas la seule.

Le livre de Pierrette Fleutiaux plaira surtout aux femmes. Et encore : celles pour qui il n’était pas indifférent qu’il y ait une chance sur deux pour que la présidence revienne à l’une d’entre nous. Qu’aurait pensé de tout cela la sage, fantasque et féministe Virginia Woolf ? Dans La chambre de Jacob qu’Agnès Desarthe vient de retraduire (Stock), il est dit que Jacob « est le préféré du capitaine Barfoot; mais quant à savoit pourquoi…. »

Explication : « il ne semble pas que les hommes aussi bien que les femmes soient en défaut. On dirait qu’une opinion profonde, impartiale et absolument juste sur l’un de nos congénères nous est parfaitement impossible à formuler. Soit nous sommes homme, soit nous sommes femme. Soit froid, soit sentimental. Soit jeune, soit vieillissant. »

Claire Devarrieux –  Libération ( 6 mars 2008 )


LE TAUREAU PAR LES CORNES

Anne-Marie Garat

Les dames d’autrefois, pour signaler un désir assouvi, portaient au décolleté un gros nœud de ruban, nommé le parfait contentement… Pierrette Fleutiaux vient de nouer le sien, un objet littéraire atypique, surprenant, urticant et très jubilatoire ; cette faveur-là est assez rare pour qu’on y regarde !

On ne dit plus guère avoir son content. Peut-être n’en avons-nous plus trop l’occasion, ou bien négligeons-nous de reconnaître au passage cette sensation, ce moment parfait d’équation entre une attente et sa réponse ? Jouissance mentale, érotique, intellectuelle et sentimentale, gratitude des sens et de l’esprit où s’accomplit le retour à soi. Il s’agit d’une campagne électorale, il s’agit de politique au féminin, un sujet scabreux.

Attention, rien à voir avec le produit rapide exploitant le filon éditorial d’une candidate à la présidence – une première en notre histoire. D’un élan, ce livre ouvre sa brèche, prend le sujet à revers, lui invente  un point de vue aussi inédit que celui de la tranchée par le poilu, dont le récit a changé la vision de la guerre.

Un événement. Car, là où le masculin monopolise le discours, une voix au féminin est rare, et suspecte encore. Question sensible, qui fit s’esbaudir dans les états-majors et les chaumières, tant parole de femme reste éruptive au derme social. Cet essai gratte où ça démange ; avec humour, avec mordant, resitue le politique et l’économique en la personne, son sexe, sa vie privée ; l’histoire collective en celle de l’individu.

Pierrette Fleutiaux raconte sur le mode intime comment elle a vécu ces quelques mois de débats publics, ce qu’ils ont alerté en elle de son histoire de femme, d’écrivain : elle prend le taureau par les cornes. Elle le fait valser à sa manière, au fouet, à la badine, mêlant sans hiérarchie le souvenir à la réminiscence, l’analyse historique à la rêverie, l’intuition à la pensée construite, le corps organique et son imaginaire à ceux de toute une société, ses institutions, ses lois, ses mentalités rances, ses préjugés.

Cette cuisine épicée est roborative et joyeuse, caustique, tendre, généreuse. La table des matières tient du pot-pourri poétique, sauts de carpe et coq-à-l’âne : apanages du féminin ? Mais du biberon à la tête de Mme de Lamballe, de l’art de porter la jupe à Phèdre ou à une effigie de Napoléon, du frôleur de métro aux prix littéraires, aux viols de cinéma, aux pieds bandés des petites Chinoises, Pierrette Fleutiaux nous balade selon son humeur tandis que son texte va droit à sa visée, impertinent, affranchi, d’une implacable etficacité et souveraine maîtrise.

Par sa composition rhapsodique, détours et digressions, il divague en liberté mais jamais ne perd le fil, au contraire : sous les apparentes ruptures discursives, il démontre son extrême logique, en cela fait manifeste. Car donner droit au sensible, lui faire foi, relève d’une intelligence politique aussi haute que les raisons cartésiennes en trois parties. Car vouées aux opérations matérielles et domestiques, aux trivialités de la petite entreprise économique et au laboratoire sentimental qu’est une famille, les femmes ont peut-être gagné, de la cave au grenier, du frigo au berceau, chacune en son âge, une aptitude très sophistiquée à éprouver le corps, et l’âme des réalités. Pour les aborder et soumettre, quel courage il faut, contrôle et rigueur, gravité, générosité existentielles !

Mais, de fer et bronze, subtiles en gestions, diplomates du cœur et du porte-monnaie, expertes en acrobaties mentales et sentimentales, ayant sauté quotidiennement du four affectif au moulin économique, beaucoup de femmes réussissent à leurs risques, à leurs dépens, cet exploit physique, intellectuel et moral de la dépense royale.

Peu d’hommes s’y risquent : trop ingrat. Pourtant, cette épreuve radicale arme pour la vue d’ensemble sans perdre le détail, forge le sens des responsabilités et des équilibres, donne une connaissance de la nécessité immédiate et celle du temps long.

L’apparition d’une femme dans le débat présidentiel a eu cet effet alchimique d’en révéler la richesse, dont Pierrette Fleutiaux examine au scalpel la nature secrète. Ce faisant, elle subvertit une manière de penser et de sentir, la légitime en littérature et compose un magnifique autoportrait expérimental. Témoin d’un vécu de femme réinvesti au contemporain, le passé agit au présent, l’illumine d’intelligence nouvelle.

Anne-Marie Garat – L’Humanité ( 5 juin 2008 )


LA POLITIQUE AU FÉMININ

Elisabeth Céped

Voici un livre de femme. Nul homme n’aurait eu l’audace d’entraîner ses lecteurs dans une ballade dans les profondeurs de sa psyché, pour élucider à partir d’un sentiment de « contentement » nouveau, sa réaction face à l’évènement national que fut la candidature d’une femme à la dernière élection présidentielle.

« Pour la première fois dans mon histoire personnelle, je me suis sentie intimement et joyeusement concernée par les élections’ explique Pierrette Fleutiaux. La femme qui parle a une sensibilité de gauche mais n’adhère à aucun parti, elle ne porte aucun jugement sur le programme de la candidate. Elle parle de sa place de citoyenne dans une société encore dirigée essentiellement par des hommes. déçue dans ses espoirs, elle l’a été, mais elle réagit en analysant ce qu’elle vient de vivre et s’explique l’échec par le contexte social actuel.

Femme, du moi au nous…

Le propos est sérieux, mais la forme volontairement primesautière. Il s’agit d’afficher sa différence. Se moquant des stratégies démonstratives, l’auteure semble passer du coq à l’âne mais trace bravement son chemin dans l’entrelacs des raisons de son « contentement ». Ce faisant, elle décrit son mode de pensée – par association d’idées et d’affects, de souvenirs – ce qui fait surgir, par bribes, l’histoire de sa vie. Autobiographie simplifiée, rapide, qui montre l’enchaînement des faits qui l’ont faite ce qu’elle est aujourd’hui.

Elle fait aussi partager ses recherches et à l’ékaboration du livre que nous lisons. Elle retient pour nous, l’essentiel d’une étude savante de françoise Héritier, Masculin/Féminin (Tome 1, « la pensée de la différence », Tome II, « Dissoudre la hiérarchie »). La sociologue-anthropologue y dénonce « la valence différentielle des sexes ». En langage simple, : le masculin l’emporte sur le féminin. Pierrette Fleutiaux vérifie que bien des femmes « ont du mal à penser leur propre place,, elles sont si habituées à penser dans le miroir masculin. » Cette réflexion sur le « genre » de la différence entre les sexes nous promène à la linguistique – emploi de « il » ou « elle », féminisation des termes pour les femmes qui accèdent à des domaines longtemps réservés aux hommes – à l’évocation des groupes féministes des années 68, sans oublier les comportements misogynes des jurys des prix littéraires. N »oublions pas que c’est une romancière qui enquête.

Misogynie…

Elle analyse la misogynie ordinaire des hommes et des femmes qui a explosé dans les critiques adressées à la candidate. Surprise par ses propres inquiétudes pour une femme qu’elle ne connaissait pas mais dont la simplicité et le beau sourire lui ont inspiré confiance. « J’ai eu la perception que l’énergie politique de la candidates aux mêmes foyers, du moins à des foyers qui s’étaient allumés dans des zones qui me sont proches, que je peux comprendre, et avec lesquelles elle a gardé le lien ». Tout fait souci. La garde-robe tant moquée, jupe, chaussures à talon, absence de sac à mains seront justifiées.

Et la polémiste s’insurge : porte-t-on la même attention aux vêtements des candidats ? A-t-elle vraiment dit « aimons-nous les uns les autres ? ». Je ne m’en souviens pas. N’aurais-je pas pu l’entendre, trop pessimiste ou trop sceptique sur les propositions d’attraction d’une telle proposition.

Pierrette Fleutiaux, s’est enflammée, elle. « L’ordre juste », un beau terme sinon une promesse. Mais se méfiant de ses emballements, elle se surprend à chercher auprès d’amis, une caution. Attitude féminine typique dont elle voudrait tant se débarrasser. La soirée des élections avec l’attente des résultats et le portrait du vainqueur s’affichant sur l’écran du téléviseur, ravive un serrement de coeur chez bien des électeurs/électrices.

Une énergie communicative…

Miracle, l’energie politique de la candidate excite l’énergie de l’auteure qui n’ayant pas de roman en chantier – le livre sur Anne Philipe attendra !) – revient à sa recherche de la féminité. Quelques souvenirs personnels pour retracer les difficiles étapes de la conquête de soi.

Quant à moi, au début assez fière, ma foi, car j’étais un homme comme les autres, avec en plus cette apparence de fille qui est un plus auprès d’eux… Il m’a fallu du temps pour assimiler que j’étais une femme et que les hommes c’était eux, et que ça faisait une sacré différence. »

L’auteure n’a aucune animosité contre les hommes. Ils profitent sereinement d’un fait. Qui le leur reprocherait ? On s’attendrit même sur ceux d’entre eux, généreux « papas » qui partagent avec leur compagne les soins à donner aux enfants.

Le changement est en marche. Quelque chose a déjà bougé : « Je sais que l’apparition d’une femme, tout en haut dans notre ciel politique a modifié mes perceptions, réveillé des interrogations endormies, éclairé de neuf nos paysages quotidiens. Elle a rappelé à mon existence à nous. » Emportée par son enthousiasme, elle gère déjà sa nouvelle naissance, en ajoutant « elle a brisé l’isolement, nous a rappelées à nous-mêmes… »

Ce livre hors-norme peut-il pousser les femmes et les hommes de bonne volonté à une révision de leurs préjugés ? Il offre en tout cas un regard décalé sur une candidate et une campagne présidentielle dont tous les enseignements n’ont pas pas encore été tirés.

Elisabeth Céped – L’Ours ( juin 2008 )


Series: Romans

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